La venelle (Nouvelle)
Goliathus
Synopsis
"L'auteur nous entraine dans un espace imaginaire, entre deux mondes, avec élégance et un certain maniérisme qui participe à la nostalgie émanant de la nouvelle. Comme un paradis perdu, une histoire d'un autre temps, avec ses madeleines au goût étrange... A déguster jusqu'à son astucieuse chute !"
Genèse
Ma nouvelle intitulée "La venelle" est une des 15 lauréates du concours organisé dans le cadre des Rencontres Sciences & Fictions "Bienvenus sur Mars" des Festivals en Pays de Haute Sarthe.
Mon texte figure en page 45 du recueil « ¿Réversible / Irréversible? » paru en mai 2020 et relate une expérience très intime de "boucle temporelle".
Extrait
Scène baroque neuvilloise
Je me trouvai au milieu de rue des Écoinces, le dos au parc municipal, un pied déjà dans la venelle. L’air était chaud. Les branches d’un noyer m’offraient une ombre opportune. Des liserons aux fleurs mauves à rayures blanches étouffaient joliment les haies de part et d’autre de la venelle. Je fus sur le point de défaillir. Je fermai de nouveau les yeux et repris mes exercices respiratoires. Quand j’eus recouvré suffisamment de forces, je décidai de faire face et examinai la scène baroque qui s’offrait à ma conscience. Sur l’herbe grasse, une éphippigère aux ailes atrophiées, à la couleur surréelle, dévorait goulûment un petit insecte sombre. Tout en moi, ma taille, ma forme et mon cri d’effroi échappaient sans doute à son minuscule entendement ; tout en elle, son abdomen ventru, sa perfection d’orthoptère, la brève stridulation qu’elle émit en ma présence m’apportèrent du réconfort. Elle fut le point d’ancrage dérisoire qui me fit supporter l’horreur de ma vision. Car il y avait bien quelque chose d’horrible et de profondément dérangeant dans cette bucolique allée neuvilloise, que j’avais jadis parcourue enfant.