L'irradiée radieuse (nouvelle)
Goliathus
Synopsis
Mon texte fait partie des 16 nouvelles distinguées lors du concours Alain Le Bussy (organisé par la Revue Galaxies) et réunies dans cette magnifique Anthologie Géante Rouge Hors-Série 2022.
Lisez comme une sorte d’évangile de Smilla, retraçant la vie et le message prophétique de cette jeune femme, irradiée et radieuse, sur une Terre futuriste ravagée par un brusque inversement des pôles magnétiques.
Un monde de croyants hallucinés, de croyantes hallucinantes en l’occurrence.
Genèse
L’idée de ma nouvelle est née lors d’un voyage en Norvège parmi les fjords et les sylves millénaires.
En août 2021, j’ai présenté sans succès une première version de ce texte au jury du prix Joël-Champetier, organisé par la Direction littéraire de la Revue Solaris (Québec).
J’ai retravaillé le texte original pour le concours de la Revue Galaxie 2022.
Le personnage de Smilla est un hommage à l’héroïne éponyme du roman de Peter Høeg « Smilla et l'amour de la neige », publié au Danemark en 1992 puis édité en France en 1995.
Extrait
Croire
Smilla ne se considérait pas croyante. Croire, dans le lexique théologique traditionnel, signifiait donner foi à des événements survenus des siècles voire des millénaires auparavant dont plus personne n’avait une connaissance précise, lire des livres ou des fragments de livres, traduits et recopiés un million de fois, et encore écouter des témoignages déformés par le temps et les bouches multiples de propagateurs zélés. Non ! Le symbole de la foi chez Smilla n’était pas un « je crois », c’était un « je vois », un « j’entends », un « je touche », une expérience sensorielle totale : la présence de la Divine à l’intérieur d’elle-même, comme aux alentours immédiats de sa personne.
Elle irradiait ! Au sens propre, Smilla émettait un rayonnement qu’il était possible de mesurer par le truchement d’un vulgaire spectromètre, un rayonnement dont les effets étaient visibles à l’œil nu, comme le hérissement d’un monticule de limaille de fer soumis à un électroaimant ou le battement délicat des fruits ailés d’un peuplier à la proximité de ses doigts. Lorsque le vent solaire décoiffait une mèche de cheveux rebelle échappée de sa combinaison, un afflux de particules chargées entrait en collision avec son halo et lui prodiguait une sainteté digne d’un enlumineur de l’époque florentine.