
I... am... a... man! (Nouvelle)
Goliathus
Synopsis
Cette petite nouvelle narre les aventures extraordinaires et cruelles de Haathee, un jeune et brillant professeur indien au Pays du Soleil Levant que son séjour va transformer...
Elle rend un hommage discret à Haruki Murakami (L'éléphant s'évapore) et à Kazuo Ishiguro (Never let me go).
J'ai pu y évoquer mes souvenirs du Japon, de Kyoto en particulier et écrire avec bonheur sur cette placide Merveille du Vivant qu'est l'éléphant.
(D'après Aristote "l'éléphant est la bête qui dépasse toutes les autres par l'intelligence et l'esprit.")
Le 5e mouvement d’une œuvre célèbre de Camille Saint-Saëns pour piano et contrebasse y trouve sa place; le thème de la métamorphose y est développé de façon originale me semble-t-il.
Le titre est une référence directe à l'oeuvre The Elephant Man (David Lynch, 1980).
Bonne lecture.
Genèse
En 2011, j'ai écrit une histoire d'éléphant, que j'ai partagée exclusivement avec mes Amis du Book Club puis rangée dans mes tiroirs...
J'ai toujours ressenti pour elle une affection particulière.
Elle appartient au genre "réalisme magique" et traite du sentiment d'exclusion et de la difficulté à trouver sa place dans le monde.
Presque 10 ans après sa première version, elle a enfin vu le jour et est publiée en page 168 dans le recueil collectif de nouvelles "Métamorphose" aux Editions du Tourments.
Voici l'histoire de cette histoire d'éléphant...
Extrait
Un barrissement
La session matinale a débuté parfaitement à l’heure. Le silence est absolu, les étudiants respectant une tradition japonaise de respect pour l’autorité des maîtres.
À l’autorité intellectuelle de Haathee, s’ajoute une fascination pour le timbre de sa voix, dès que celle-ci s’élève dans l’amphithéâtre. Le jeune professeur possède un registre vocal hors du commun qui évoque parfois un barrissement. Des promeneurs curieux, passant à ce moment dans le jardin de l’université, se sont approchés dans l’espoir d’apercevoir l’improbable éléphant. Leurs têtes ahuries ont surgi aux fenêtres, ce qui n’a pas manqué d’amuser la classe. La perturbation a été insignifiante, évitant à Haathee un rappel à l’ordre qu’il aurait été peiné de réclamer au premier jour de son enseignement au Japon.
Haathee est à bien des égards un objet de curiosité pour ses contemporains. Pendant son adolescence, le jeune homme s’est illustré en résolvant coup sur coup les équations de Navier Stokes et la conjecture de Hodge. Il a obtenu son doctorat à l’âge de 16 ans. La même année, il remportait un premier prix au Concours International Tchaïkovski en jouant la partie solo du concerto pour violon en ré mineur, sans modifier la partition originale.
Haathee est le premier professeur indien de l’Université de Kyoto, il possède l’oreille absolue et pèse deux quintaux.