Le Temps des Nuits (Nouvelle Ebook)
Goliathus
Synopsis
Située dans un futur lointain et crépusculaire, cette nouvelle raconte le destin singulier de T1978, une jeune Termite manifestant "de grandes dispositions".
Le lecteur suit sa métamorphose et sa quête d'un artefact humain, un livre prophétique de la Nuit des temps, dont pourrait dépendre la survie de toute sa communauté et de son genre...
"C’est une Odyssée d’insecte qui commence, aux multiples périls."
Mon texte se veut un hommage ou un clin d'oeil plus ou moins appuyé à 4 auteurs :
René Barjavel (1911-1985),
Bernard Werber (1961),
Jorge Luis Borges (1899-1986)
et Jean-Henri Fabre (1823 -1915 ) un entomologiste éminent, écrivain et poète français.
Genèse
En février 2018, j'ai présenté une première version de ce texte au Concours René Barjavel, organisé par le Festival Les Intergalactiques et les éditions ActuSF.
Ma nouvelle n'a hélas pas été sélectionnée à l'époque.
J'en publie aujourd'hui (3 juillet 2020) une version remaniée à compte d'auteur sous forme d'E-book, via la plateforme Librinova.
Après sa dernière métamorphose, mon héroïne, le jeune termite femelle T1978, avait envie de voler de ses propres ailes.
Souhaitons-lui une superbe aventure éditoriale...
J'ai eu l'occasion de partager mon texte de façon confidentielle et temporaire aux participants du MOOC de SF de l'Université d'Artois en mai 2020.
Voici les commentaires encourageants que j'ai reçus:
"Très beau texte ! Le temps des nuits pour la nuit des temps... bel hommage à Barjavel en effet, dans un univers qui fait également penser aux Fourmis de Werber. " (Mdaward)
"Impressionnant et palpitant. Je suis allé voir ce qu'était le Goliathus et c'est, ma foi, une jolie bestiole." (JLL57)
"J'ai adoré de A à Z. Merci à vous ! (DWauquiez)
"Bravo, quel travail !" (Scifan)
Un grand merci à eux.
Extrait
Singulier équipage
La reine tertiaire n’eut pas le loisir d’apporter sa réponse. Une vibration d’alerte, qui s’était propagée depuis le sommet de la monade, venait d’atteindre leur niveau. Les étudiantes réagirent avec calme et discipline et regagnèrent le quartier de sécurité qui leur était affecté.
Dans la fréquence d’oscillation du sol et des murs, la reine tertiaire détecta un commandement de rejoindre ses Sœurs au 128e étage, à plus de 70 mètres au-dessus de la surface, pour une assemblée antennaire.
Elle prit l’initiative d’inviter T1978 à y participer et lui signifia sa volonté en tâtant son abdomen à son passage. Cette dernière, dépourvue d’ailes à ce stade de sa croissance, s’accrocha à une des pattes arrière de sa reine, et aussitôt, le singulier équipage s’envola vers le sommet de la monade, en empruntant un large canal d’aération. Le poids et la taille de T1978 représentaient alors le septième de celui de R15, le centième de celui de la Reine Principale, fondatrice de la colonie ; ils tripleraient avant le cycle prochain.
Bien que ballotée pendant la remontée, la jeune isoptère maintenait tous ses sens en éveil afin d’appréhender l’aménagement interne de la monade depuis sa position inconfortable mais privilégiée, les voies d’aération étant restreintes d’accès aux membres de la colonie, à l’exception des reines, lors des alertes, et des insectes-pelles qui réparaient journellement les micro fissures.
Elle découvrit des cavités insoupçonnées et des galeries labyrinthiques menant à des niveaux interdits ; à l’odeur âcre d’urine et d’opprobre, elle situa la geôle des infidèles ; aux traces de salive glutineuse, l’usine des bâtisseuses ; à sa protestation énergétique, la proie d’une chasse récente, cigale mutante ou mante, que les insectes-bouches découpaient vivante ; à leur cymbalisation entêtante, les sentinelles à leurs postes d’observation ; vers le cœur de la monade, se propageant comme un murmure, la mastication incessante des larves affamées, nées du dernier cycle ; puis, venant du très-bas, une pulsation sourde, jamais entendue auparavant, qu’elle craignit d’autant plus qu’elle cessait puis reprenait, selon un rythme aléatoire ; une consistance mielleuse dans l’air lui indiqua soudain les quartiers des reines tertiaires, après le 14e étage, ainsi que les identités et les prérogatives différenciées de chacune d’elle ; à mi-hauteur, vers le centre, elle reconnut au calme absolu, à la stagnation de l’air, la proximité des espaces privés de sa Grande Reine, que gardaient de redoutables guerrières ; et plus à l’ouest, les restes de ce qui avait dû être un mâle.