Permanence de l'Objet (Roman SF)
Goliathus
Synopsis
Le récit, en forme de diptyque, transporte les lecteurs dans un futur proche et un futur lointain, d’un Centre de recherche souterrain en Chine du XXIVes. à une lune artificielle en orbite autour d’une géante gazeuse à des années lumière de notre Terre.
Partez à la rencontre d’un mystérieux Objet. Une quête plus ontologique que scientifique.
J'embarque ces deux héros, Mara-Hiri Kamuku, le vieux savant au corps « naturel », spécialiste de Discriminatoire des Paysages Exhaustifs, et Ganymède 113, une entité a-corporelle de genre Homo Hospes Sidera, dans une épopée cosmique, afin d’illustrer un de mes thèmes favoris: la quête de l'inconnaissable!
Genèse
Friand des récits de Arthur C. Clarke ou Asimov, je rêvais d'écrire un roman de SF.
De façon tout à fait inattendue, j'ai trouvé l'inspiration au fond d'un amphithéâtre d'une université parisienne, alors que j'assistais avec 400 autres étudiants à un cours de psychologie du développement.
« Ce qui conditionne l’acquisition de la notion complète d’objet est la maîtrise des relations spatiales et temporelles constitutives de l’univers dans lequel [l’enfant] conçoit que les objets existent, et dans lequel lui-même se situe au côté des autres. »
Cette citation extraite des œuvres de Jean William Fritz Piaget (1896 – 1980), psychologue suisse de l’intelligence, éclaire d’une lumière spectrale mon premier roman d’anticipation. Elle en a inspiré la trame et le titre.
Extrait
Station orbitale
Les 7 représentants de la Fondation franchirent le portail et éprouvèrent simultanément le vertige caractéristique qui délivra leurs entités de l’agglomérat et les tira définitivement de leur somnolence. Parmi ces entités, deux ressentirent une douleur vive, la sensation d’une perforation et d’un éclatement des globes oculaires, bien qu’aucune d’entre elles ne disposât de corps organique, a fortiori rien qui ressemblât de près ou de loin à un œil ; un mystère qui continuait d’exciter la sagacité des chercheurs.
Les 7 représentants pénétrèrent dans le tube schizoïde, ils franchirent les 450 kilomètres menant à la station au centre de la lune. Moins d’une seconde pendant laquelle un nouveau trouble confondit leurs ondes psychiques sur le moniteur de transfert. Il semblait paradoxal que les derniers kilomètres aient perturbé à ce point leur intégrité et leur équilibre émotionnels quand on sait qu’ils venaient de parcourir une distance phénoménale à une vitesse supérieure à celle de la lumière, sans éprouver de semblable inconfort.
Une fois leurs altérités rétablies, les 7 furent accueillis chacun selon son rang par une lente transmission d’ondes radios tout à la fois régénératrices, informatives et plaisantes. Musicalement, le summum de la galaxie ; leurs ondes cérébrales y puisaient des souvenirs corporels, de sorte qu’ils purent apprécier la marche de leur Unité Motrice Autonome, tandis qu’elle se dirigeait vers le Centre des Partages. Ils purent appréhender la présence d’autres UMA, un nombre supérieur à ce qu’ils avaient anticipé au regard de la confidentialité de la mission qui les réunissait ce jour, comme de la situation de cette lune, très éloignée des routes principales.
Le corps céleste habité le plus proche était à quatre-vingts années lumière, soit un peu plus de 5 sommeils, une scansion temporelle conséquente, surtout lorsque les affaires étaient pressantes.
Au cœur de la station, la gravité oscillait entre 1,622 et 1,624 m·s−2, conforme aux normes sidérales, afin de faciliter la circulation des UMA. Leurs passagers appréciaient immodérément ce retour de pesanteur qui, à défaut de ressusciter des souvenirs, en créait néanmoins une illusion momentanée. L’abandon de la marche bipède avait constitué, selon feus les Serviteurs de l’Ordre du Réel, une erreur ontologique, un renoncement historique à l’être, une faute regrettable et largement condamnée.
Or, si la finalité des UMA n’avait jamais été de corriger cette « faute », force est de constater qu’elles en proposaient une restitution réaliste. Une marche par procuration.(…)