Le Bus 72 (Roman)
Goliathus
Synopsis
Le Bus 72 est le récit à la première personne du trajet quotidien d’un DRH en souffrance, du lieu où il est lui-même au lieu où il a appris à devenir un autre.
Pendant les 15 minutes d’un parcours à la fois physique et métaphysique, à bord du bus 72, une étonnante métamorphose s’opère ; un processus de deshumanisation indispensable au DRH pour supporter les extravagances de sa direction, se protéger de l’animosité de ses collègues et mener à bien sa mission honnie.
La direction l’exige : 10% des effectifs doivent disparaître ! Pour réussir ce challenge, notre DRH va bénéficier de l’aide providentielle du plus étrange des candidats à l’embauche. Qui a dit que les moutons à 5 pattes n’existaient pas ?
Le Bus 72 est à la fois être à la fois le carnet de voyage d’un naturaliste (un entomologiste) observant la faune humaine et la « sauvagerie » de l’entreprise, mais aussi un « conte urbain », revendiquant sa dimension imaginaire, c’est à dire questionnant la réalité et la vraisemblance pour mieux délivrer son propos et toucher son lecteur.
Les nombreuses références à la littérature sont une célébration de la lecture, le meilleur remède contre le stress professionnel ; elles participent en outre à la thématique du roman, dans la mesure où elles entretiennent la confusion du narrateur, comme du lecteur, qui peinent à discriminer la réalité de la fiction.
Enfin, Le Bus 72 est une ode aux déplacements en autobus à travers un Paris fantasmé.
Genèse
C'est dans le véritable bus 72, emprunté quotidiennement pour me rendre de mon domicile à mon travail, qu'est née l'idée du roman, ou plutôt qu'a germé sa nécessité.
J'ai réussi à surmonter une épreuve professionnelle grâce à un travail littéraire, en écrivant une histoire, poétique et sombre, qui la transcende.
Extrait
Le candidat idéal?
(...) Je saisis la poignée et ouvre la porte avec l’assurance qui sied à ma fonction, soucieux d’imposer dès mon entrée un rapport de force inéquitable en ma faveur. La pièce baigne dans la pénombre, contrastant nettement avec la luminosité plus forte du reste de l’étage. Je soupçonne un dysfonctionnement de la télécommande multi-usages. (...)
Mon candidat est assis devant la fenêtre, à contre-jour. Il est immobile et taciturne. Il n’a pas daigné se lever à mon entrée, ce qui est plutôt cavalier. Je décide de ne pas lui en tenir rigueur, mon collègue ayant écourté abruptement leur premier échange, ce qui a pu le déstabiliser. (...)
La pénombre délimite un volume précis, un parallélépipède rectangle qui contient entièrement la silhouette de l’inconnu et s’intensifie jusqu’à devenir une quasi-obscurité à sa proximité immédiate, comme si le candidat disposait d’une faculté d’absorption des ondes lumineuses ou du pouvoir étrange de diffuser de la vapeur sombre allant se dissipant à mesure qu’elle s’éloigne du corps qui la produit. La réaction chimique de l’anxiété modifie la pression et la température de mon corps mais la curiosité est encore la plus forte et je m’avance d’un pas de plus.
Là je reste quelques instants comme assommé, terrassé par une vision hors de proportions avec ma pauvre raison humaine. Il y a plusieurs éléments baroques, certains horribles, dans le portrait que j’ai sous les yeux. Si la partie inférieure de son corps, à mi-hauteur de son abdomen, disparaît totalement sous la table d’entretien, de la partie supérieure, enserrée dans un blazer impeccablement taillé et orné de boutons écussons métalliques, soulignant élégamment un col d’une chemise un ton plus clair fermé par un nœud de cravate Windsor parfaitement exécuté, émerge, après un cou puissant ceint par ce que je prends à tort pour une écharpe épaisse de laine, une tête monstrueuse d’ovin ! (...)