
Les Méduses (Roman)
Goliathus
Synopsis
Les Méduses raconte les errances géographiques, émotionnelles et oniriques de trois personnages en quête d’absolu dans un Paris et un Japon futuristes.
Au travers d’un récit aux accents poétiques, Haruki, le chimiste amoureux des méduses, Xhoza, son amant bohème, et Sygelgayte, sa collègue et amie qui connaît le langage des chats, exécutent ensemble une chorégraphie qui semble vouloir imiter la nage indolente et colorée des petits êtres de gélatine.
Le lecteur découvrira au terme d’une épopée ultra urbaine, plus fantasque que fantastique, le lien singulier qui unit les personnages, trois dimensions d’une seule âme.
L’auteur aborde ce qu’Albert Camus considérait comme le seul « problème philosophique vraiment sérieux », et choisit d’y répondre avec l’audace et l’inventivité d’un conte.
Le récit, scandé en 21 chapitres et un épilogue, titille le lecteur et le dérange, il l’attire et parfois le refoule, il l’hypnotise et le démange ; bref, il donne au lecteur l’impression d’évoluer parmi les méduses, d’être effleuré par les tentacules filandreux et les ombrelles de ces créatures millénaires captivantes.
Plongez dans ce premier roman de l’auteur, et attendez-vous à être médusés !
Genèse
Écrit en moins de 5 mois, entre mai et août 2010, la genèse de ce tout premier roman aura cependant duré une éternité, près de 20 ans pendant lesquelles j’avais renoncé à l’écriture, par la faute de Jorge Luis Borgés( !), avant d’être saisi de l’irrépressible envie de raconter cette histoire et de faire exister au travers de Haruki, Xhoza et Sygelgaite trois parties essentielles de mon intimité. J’y ai mis toute mon âme, mon imaginaire et mes interrogations existentielles, et toute la poésie dont je suis capable.
J’y rends hommage à mes « sentinelles », ces artistes dont le regard singulier, souvent décalé, sur le monde et l’existence, et les œuvres, m’ont non seulement influencé et inspiré, mais aussi, d’une certaine façon, aidé à vivre : les J.L. Borgès, H. Murakami, G. Rousse, H. Miyazaki, V. Woolf, C. Dodwell, G. Van Sant etc...
Extrait
Chapitre 2 – Conversation chromatique – (405 mots)
« C’est l’obscurité qui leur rend grâce.
Pareilles à de délicats mouchoirs cellulaires aux formes libres, que dévoile la moindre étincelle ou qu’un courant anime et fait dériver, même le plus dérisoire, elles apparaissent dans toute leur phosphorescence. Elles dansent avec lenteur et la danse se propage d’un corps à l’autre. Une infime parcelle de lumière attache à leurs cillements des perles d’argent embryonnaires, autant de fragments de miroirs, proches du débordement, qui réfléchissent l’éclat primaire à la périphérie de leurs mouvements.
Maintenant elles dessinent une variation de l’onde puisqu’elles l’accompagnent et voici qu’un dragon émerge de nulle part, avec sa crinière de feu et sa course gracile. Un instant seulement avant de disparaître.
Elles viennent parfois le soir coller contre la vitre leur corps de gélatine, comme on colle un visage.
Peut-être trouvent-elles le long de la paroi quelque rigueur qui sied à leur inconsistance. Peut-être essaient-elles de nous parler…
Notre genre attribue à tort à tout ce qui l’étonne des caractéristiques comportementales ou morphologiques humaines, des intentions d’homme en quelque sorte.
Nous nous laissons aller à notre lassitude et perdons toute tempérance à contempler la vie de ces aimables créatures, toujours à quelque distance et en prenant bien garde de ne pas approcher de trop près leur beauté urticante. Nous étions elles, il y a quelque six cent millions d’années. Elles peuplaient les océans du protérozoïque ; premiers organismes à posséder des cellules nerveuses et un cerveau.
Les cnidaires ont développé au cours des millénaires un système sensoriel si élaboré qu’il semble bien naturel de les imaginer stupéfaites, tandis qu’elles nous fixent à travers la paroi de cristal ; ou médusées, puisque c’est ainsi que les désigne la langue vernaculaire.
« Avons-nous tous une âme? »
Haruki tapotait légèrement sur la vitre de l’aquarium. Il dégagea son front d’une mèche souple qu’il fit glisser entre son pouce et son index pour apprécier la texture du cheveu. Un geste qu’il répétait volontiers et qui l’aidait à se concentrer ou à se souvenir. Il tourna la tête pour regarder au-dehors ce que Xhoza qualifierait plus tard de « vue capitale sur la Capitale», ou selon une autre de ses expressions « la coquecigrue de Paris », c’est-à-dire sa créature imaginaire. Un peu plus loin, on pressentait sans la voir la cathédrale inversée et ses arbres de verre.
La pensée de Xhoza lui fit esquisser un sourire. Il l’imagina le jour précédent et sourit davantage. »