Le titre de ce livre est prophétique.
On entre dans ce roman historique de Kim Da-Eun comme dans un Jardin Interdit, réservé à des initiés qui seuls peuvent saisir dans leur pleine mesure la singularité de sa structure, l'étrangeté de son récit et de ses personnages, l'exotisme de son glossaire et sa signification profonde.
On visite cet endroit, ses quelques 170 pages, en restant étranger, c'est à dire à distance mais bien présent à l'intérieur du "jardin".
Il faut apprendre à regarder, observer, sentir, en sachant que l'essentiel nous échappe mais qu'il nous est donné le plaisir et le privilège de se laisser déconcerter, surprendre.
Je découvre ici pour la première fois une auteure sud-coréenne, sa prose académique et son énigme déroutante entre faits historiques et mythologie orientale.
Naturellement, je ne parle pas son langage mais j'écoute.
La géographie du jardin m'a fasciné, comme les personnages géomanciens et toute la forêt de symboles. Je me suis souvent perdu dans ses pages. J'ai dû parfois revenir en arrière. J'y ai trouvé des paragraphes remarquablement aménagés et d'autres un peu en friche.
En ces temps troubles d'après confinement, il est charmant de se laisser désorienter par un livre curieux, en considérant que ce qui nous a dérangé est sans doute une chose qui nous a été offerte et que l'on a pas comprise...
Ce jardin est bien étrange. Kim Da-Eun nous a prévenus. Il est interdit.